Paysage aux pêcheurs

1752

Titre Paysage aux pêcheurs
Lieu de conservation Beauvais, Musée départemental de l’Oise (inv. 54.12)
Datation 1752
Signature En bas dextre, sur le rocher « JB Oudry 1752 »
Dimensions 110 x 150 cm
État conservation support Rentoilé
Couleur de la préparation Rouge
Nature liant couche picturale Huileuse
Nombre d’interventions /

restaurations recensées

Au moins 4
Analyses physico-chimiques non
Photographies disponibles 13 photographies en lumière réfléchie.

Une photographie en lumière rasante.

Une photographie sous infrarouge.

Une photographie en fluorescence ultra-violette.

Paysage aux pêcheurs.

Paysage avec troupeau et chute d’eau

Colombier

Contexte commande

 

Paysage avec pêcheurs fait partie d’un ensemble de quatre paysages : le Colombier (INV 7052/ inv35.5), Paysage avec troupeau et chute d’eau (7053/inv 35.4) et un paysage traversé par une rivière avec un chien poursuivant des canards (INV 7055) aujourd’hui disparu. L’ensemble est commandé en 1752, sur instruction du Dauphin pour les appartements de Madame Adélaïde, sur ordre de M. de Vandières, et payés chacun 600 livres. Le paiement est réalisé en partie le 5 janvier 1757, et la totalité le 10 décembre 1760 (Engerand, 1900, p. 361). Les tableaux sont accrochés en dessus de porte dans l’appartement au premier étage. Ils sont par la suite placés dans les appartements de Madame Sophie, puis en magasin.

 

Description iconographique et œuvres en lien

 

Comme dans les autres paysages réalisés par Oudry pour les appartements de Versailles dans les mêmes années, on retrouve la même clarté, la même importance accordée à la retranscription des nuances du ciel. La composition se distingue par un beau rendu de la profondeur, par une large gamme de bleus et de verts. Le peintre décrit un paysage au bord d’un étang. Quelques arbres, une petite chaumière construite au bord de l’eau complètent la scène. À l’avant-plan, trois pêcheurs tirent leur filet. De taille réduite, ils se fondent dans le paysage. Le regard du spectateur est attiré vers l’arrière-plan, vers le ciel dont l’éclat jaune pâle suggère un crépuscule.

 

 

Parcours patrimonial

 

Paysage aux pêcheurs fait partie des collections nationales à la Révolution. A partir de ce moment, le groupe des quatre tableaux est séparé et ne sera plus considéré comme un ensemble unitaire. Dans la première moitié du XIXe siècle, bien qu’appartenant aux collections du Louvre, Paysage aux pêcheurs se trouve au Château d’Eu. Il retourne au Louvre en 1850, puis est placé dans les appartements du grand maréchal des Tuileries au pavillon de Flore en 1854. En 1860, il est envoyé au château de Saint-Germain-en-Laye, où il reste jusqu’en 1948. Il revient au Louvre où il est signalé en réserve en 1951, puis est déposé à Beauvais, au Musée de l’Oise, en 1954. De façon anecdotique, une correspondance du service de la conservation des peintures du Louvre dans les années 1980-1990 nous apprend que le tableau se trouve alors accroché dans un bureau de la Préfecture de l’Oise et ce à l’insu du Louvre. Après plusieurs échanges, il réintègre le Musée départemental de l’Oise le 13 octobre 1995. En 2013, il est restauré en vue de la réouverture du premier étage du palais épiscopal du musée départemental. Paysage aux pêcheurs y est conservé avec le Colombier et le Paysage avec troupeau et chute d’eau (INV 7052/ inv35.5 et 7053/inv 35.4) qui partagent la même histoire patrimoniale. Sous Napoléon III, ils sont présentés au Ministère de la Maison de l’Empereur. Entre 1874 et 1898, ils se trouvent dans les collections du Château de Compiègne. Puis ils retournent à Versailles, où ils placés temporairement en réserve, puis en dessus de porte de mars 1899 à 1933. Enfin, en janvier 1935, ils sont déposés au Musée départemental de l’Oise à Beauvais, où ils sont toujours conservés. Contrairement au Paysage avec Pêcheurs, le Colombier et le Paysage avec troupeau et chute d’eau ont conservé leur format chantourné. Le dernier tableau, figurant un paysage traversé par une rivière avec un chien poursuivant des canards, est présumé détruit ou disparu pendant l’incendie du château de Saint-Cloud en 1870. Il avait été déposé par le Louvre en 1852 (INV 7055).

Constat d’état de conservation

 

 

 

 

Examen technologique

La première restauration connue date de juin-juillet 1821. Le Paysage avec pêcheurs fait partie des tableaux figurant dans le mémoire de Féréol de Bonnemaison :

 « [On a] déverni les dits qui étaient chancis à fond, enlevé les repeints au vernis, refixé et marouflé six angles, qui se détachaient de la toile, mastiqué plusieurs parties écaillées, restauré à l’huile, repeint les angles qui ont tous été rajoutés et avaient repoussé fortement au noir et mixtionné deux fois » (Arch. Nat., O3 1407).

Le nettoyage est confié à Fasmanne (A.M.N., V16 1821, 8 juin) Archives citées par Sandrine Gachenot, 2001.

 

L’état de conservation tel qu’il est décrit avant restauration indique que l’œuvre a déjà connu par le passé des modifications importantes au niveau de la couche picturale notamment. Les repeints à l’huile sur les agrandissements décrits en 2013 par Séverine François, restauratrice du patrimoine, sont-ils ceux repris sur l’œuvre en 1821 ? D’après la description des opérations réalisées, le tableau est rentoilé et le format original modifié avant 1821. L’inscription MR 2246 encore aujourd’hui visible au revers de la toile indique que le même rentoilage est toujours présent. En effet, les numéros d’inventaire en MR témoignent de l’inventaire général des musées royaux de 1814. Demandé par la loi sur la dotation de la Couronne du 18 novembre 1814 complétée par l’ordonnance du 16 janvier 1816, il est achevé en 1824 et s’applique aux œuvres du Louvre mais également aux œuvres des résidences royales.

 

Les archives du Louvre font également état d’un séjour de l’œuvre à l’atelier de restauration et des cadres en octobre-novembre 1954, avant d’être renvoyée à Beauvais en mai 1956. Nous ne gardons pas trace écrite du détail des opérations alors réalisées.

 

Des informations complémentaires nous sont également parvenues par le truchement du rapport de traitement de Séverine François et David Prot, rédigé en 2013 suite à la restauration fondamentale de Paysage aux pêcheurs. Les restaurateurs observent que l’œuvre est rentoilée à la colle de pâte et que deux couches de gazes sont présentes entre les deux toiles. Par la suite, deux bandes de toiles de 3 cm, toujours en place, ont été rajoutées sur les deux longueurs. Enfin, une déchirure dans la partie basse centrale a été consolidée par le collage à la cire-résine d’une pièce de tissus au revers de la toile de rentoilage. Il semble qu’il s’agit de la dernière intervention sur le support avant 2013. En outre, l’allègement du vernis et des repeints a révélé au moins deux campagnes de retouche. Aux premiers repeints à l’huile achevant l’agrandissement, une deuxième campagne de restauration a occasionné des repeints sur une large partie du ciel à dextre, au-dessus de la chaumière. On ignore les dates précises de ces interventions. La restauratrice observe cependant une variation dans le ton de la touche : la teinte bleu violacée est couverte d’une bleu-gris. Les restaurateurs notent que la couche superficielle de vernis, sans doute une résine naturelle, est soluble à des solvants très peu polaires (LE2- Ligroïne Ethanol 80 20%). La restauratrice du patrimoine suggère que la couche à moins de vingt ans en 2013. Aucune restauration n’est renseignée dans le dossier d’œuvre pour cette période. Après allègement du vernis, le ton de l’agrandissement se révèle désaccordé par rapport à la composition originale. Cet élément prête à penser que l’ajout a été peint alors que la partie originale présentait un vernis oxydé.

 

Enfin, la restauration de 2013 consiste en une reprise de l’ancienne restauration de la déchirure par incrustation de toile et pose d’intissé. La couche picturale est allégée de son vernis et revernie avec une solution de résine Dammar puis retouchée avec des couleurs Gamblin®.

 

A partir de ces informations, on se propose de reconstituer une chronologie, sans doute partielle, des interventions :

Avant 1821 : rentoilage de l’œuvre et compléments à l’huile de la composition pour obtenir un format rectangulaire.

1821 : restauration importante avec consolidation et retouche de la couche picturale. Les repeints sont exécutés à l’huile et pourraient correspondre à la deuxième campagne identifiée par S. François.

1954 : restauration à l’atelier du Louvre. Consolidation de la déchirure par le collage d’une pièce de toile à la cire-résine.

2013 : restauration fondamentale de S. François et D. Prot.

Arch. Nat., O3 1407

A.M.N., V16 1821, 8 juin

 

Fichier C2RMF 72182 

Rapport d’intervention de restauration

– Rapport d’intervention sur le support et sur la couche picturale de Séverine Françoise et David Prot (n° 27355)

 

Documentation photographique

– dug2693, lumière réfléchie après intervention, Gérard Dufrêne

– dug2694, détail après intervention, Gérard Dufrêne

– clt4851, lumière réfléchie en cours d’intervention, Thomas Clot

– clt4852, lumière réfléchie en cours d’intervention, Thomas Clot

– laj1137, lumière réfléchie en cours d’intervention, Jean-Yves Lacôte

– laj1138, lumière réfléchie en cours d’intervention, Jean-Yves Lacôte

– laj814, lumière réfléchie en cours d’intervention, Jean-Yves Lacôte

– laj815, détail en cours d’intervention, Jean-Yves Lacôte

– clt4590, lumière réfléchie en cours d’intervention, Thomas Clot

– clt4591, lumière réfléchie en cours d’intervention, Thomas Clot

– clt4592, détail en cours d’intervention, Thomas Clot

– MAA634, lumière réfléchie, étude, Anne Maigret

– MAA635, lumière infrarouge, niveaux de gris, Anne Maigret

– MAA636, lumière rasante face, Anne Maigret

– MAA637, fluorescence UV couleurs, Anne Maigret

– MAA638, revers, lumière réfléchie, Anne Maigret